jeudi 10 mars 2016

Liberté de culte, liberté de conscience
 
La liberté de culte désigne le droit de tout individu de choisir et de pratiquer sa religion, elle fait partie de la liberté de conscience qui,elle,désigne le droit d'un individu de choisir les valeurs qui vont motiver son existence . De ce fait d’après l'article 10 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses pourvu que leur manifestations ne troublent pas l'ordre public établie par la loi »
Cependant même si se sont des droits fondamentaux de nombreuses personnes semblent ignorer ce qu'ils impliquent. Comme nous le prouvent deux interviews de lycéens. L'un pense que le port de signes religieux ostentatoires dans la rue est « formellement prohibé ». Or il est permit de porter des signes distinctifs sauf dans les établissements publics tels que les écoles ou bien dans certains corps de métier comme les fonctionnaires et dans certaines entreprises. Contrairement à l'opinion commune, l'interdiction du port du voile intégrale ne se fait pas au nom de la laïcité mais au nom de la sécurité générale. En effet nul ne doit cacher son identité et doit rester identifiable. L'échantillon de personnes que nous avons sondées ne sont pas les seules à penser que la laïcité, en France, n'est pas totale. En effet, le Pape François s'est exprimé sur le sujet au cours d'un dialogue avec les catholiques gauche de France rapporté par l'hebdomadaire La Vie, il estime que " La France doit devenir un Etat plus laïque ", il ajoute également que la laïcité est " incomplète " car elle serait le résultat " de la philosophie des Lumières, pour laquelle les religions étaient une sous-culture ". Cet héritage est apparemment encore trop présent en France.
                                    LES ORIGINES DE LA LAÏCITÉ

L'origine de la laïcité est associée populairement à la date de la séparation de l’Église et de l’État en 1905. Cependant elle est le résultat de plusieurs tensions religieuses présentes depuis plusieurs siècles.

Déjà présentes au Moyen-Âge, ces tensions se sont amplifiées à partir du Siècle des Lumières notamment à cause de nombreux philosophes tels Voltaire avec le Traité de Tolérance en 1763 (où il s'occupe de l'affaire Callas et invite à la tolérance entre les religions). Puis deux décennies plus tard l'Édit de tolérance offre la liberté de culte aux Juifs et aux protestants. Enfin la Révolution apporte en 1795 la première séparation de l’Église et l’État et assure une protection pour les Droits de l'Homme.
Cependant au début du XIXe siècle l’Église catholique est subventionnée par l'Etat français puis en 1804 l’Église protestante et en 1830 le judaïsme le deviennent aussi.
Tout au long de ce siècle, la laïcité va connaître deux seuils de laïcisation le premier sous les périodes révolutionnaires et impériales (Codes civiles, Déclaration des Droits de l'Homme, etc.). Le deuxième intervient aux alentours de 1880 avec l'exceptionnelle vague de lois laïques comme celles de Jules Ferry (1881-1882 : instruction obligatoire, gratuite et laïque). Ce besoin de laïcité s'est renforcé lors de l'affaire Dreyfus puisque les partisans de gauche (qui le défendaient) étaient anti-cléricaux alors que ses accusateurs étaient pro-cléricaux.
Ce siècle de laïcisation aboutit en 1905 avec la séparation définitive, sauf en Alsace et Lorraine (où le Concordat, traité qui règlent les rapports réciproques entre l'Église et l'État, rédigé et signé par Napoléon Bonaparte et le pape Pie XVII en 1801 est toujours en vigueur), de l'Eglise et de l’État. Cette loi de 1905 rentre dans la Constitution de 1958 proclamant la France comme une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.

Ainsi nous pouvons constater que la laïcité est un phénomène ancien, résultat des tensions religieuses des siècles passés et des progrès survenus tout au long du XIXe siècle.

La laïcité à l'école : un cas particulier

Pourquoi l'école a t-elle été laïcisé dès 1882 ?
OU
Pourquoi les élèves n'auraient-ils pas le droit d'exprimer leurs convictions religieuses à l'école ?


Témoignages de lycéens

« La religion devrait être intégrée à l'école car c'est une partie de l'identité de beaucoup d'élèves. »

« Tant que je ne suis pas obligé de me convertir, je ne vois pas le problème, nous ne sommes pas idiots. »

« Il y a aussi une utilité à la neutralité. »



Histoire de la laïcité

La loi du 16 juin 1881, rend l’enseignement primaire public et gratuit, ce qui a permis de rendre l'instruction primaire obligatoire par la loi du 18 Mars 1882 et impose un enseignement laïque dans les établissements publics.

La séparation de l'église et de l’État en 1905 permet une égalité en droit, une liberté de confiance et une neutralité du pouvoir politique.
La France n'est plus une nation catholique. Sous l'effet de l'immigration, la France est devenue plurielle sur le plan spirituel et religieux.

La laïcité c'est la liberté mais c'est aussi l'égalité ; l'égalité entre les citoyens quelle que soit leur croyance. C'est l'école qui permet aux enfants de leur donner les outils intellectuels leur permettant de partager les valeurs de notre République.
Empreinte de liberté, d'égalité et de fraternité, la laïcité est le fondement de notre pacte Républicain.

La charte de la laïcité à l'école rappelle les règles qui permettent de vivre ensemble dans l'espace scolaire et d'aider chacun à comprendre le sens de ces règles, à se les approprier et à les respecter.



Les lois de la laïcité

Depuis 1882, les professeurs ont un devoir de neutralité total. En effet, il est interdit pour eux de montrer leurs opinions religieuses, politiques et philosophiques à leurs élèves.

Pour les élèves, une loi semblable existe depuis 2004. Cette loi très récente oblige les élèves des établissements scolaires publics, du primaire jusqu'à la terminale, à ne pas manifester leurs convictions religieuses, que ce soit par des signes ou des tenues religieuses.

Cette loi résulte d'un choix de l'Assemblée nationale qui estime qu'il y avait un lien entre un certain nombre de tensions et la présence de signes religieux au sein des établissements scolaires.

Auparavant, pour le droit européen et le Conseil d’État, le prosélytisme religieux supposait un comportement, une action. Un signe religieux en lui-même n'était donc pas considéré comme un engagement religieux significatif.

La situation de l'école est tout de même un cas particulier. Les mineurs sont des personnes plus influençables que les adultes. En effet, ces périodes de l'enfance et de l'adolescence sont des périodes de construction de notre personnalité et de nos valeurs. L’État souhaite donc les aider à devenir de futurs citoyens autonomes, à l'aide d'un développement de sa libre pensée, d'un esprit critique et d'un libre arbitre.

Cependant, il faut se demander si le port d'un signe religieux pourrait engendrer des pressions sur les élèves qui n'en porteraient pas : on pourrait considérer cela comme une atteinte à la liberté de conscience d'autrui.

Les libertés de religion à travers le monde



Aujourd'hui, la laïcité est une notion encore non comprise et confuse souvent associée à tord à la liberté de culte. La laïcité est une façon parmi d'autres d'obtenir la coexistence des différents cultes mais elle est parfois considérée comme étant l'unique moyen de préserver cette mixité religieuse. Cependant, nous oublions trop souvent les pays disposant d'une religion dites « officielle » qui interdisent les autres cultes et les pays ayant une religion officielle tout en faisant régner la liberté de culte. La laïcité n'est finalement que la solution française au problème de cohabitation des cultes. Quelles sont les autres politiques existantes pour la coexistence (ou non) entre les différentes religions et non religions ?

Certains États ont une religion officielle sans liberté de culte, c'est-à-dire sans tolérance d'autres formes religieuses. Prenons l'exemple de l'Arabie Saoudite, puissance pétrolière du Moyen-Orient qui a pour religion officielle l'Islam sunnite et qui interdit la pratique publique des autres cultes présents tels que: l'Islam chiite et le christianisme. En effet, la séparation entre le temporel et le spirituel n'y existe pas et la famille royale ainsi que l'établissement religieux sont étroitement liés. Les minorités religieuses doivent donc faire face à une discrimination politique, économique et sociale : pas d'accès à l'éducation, pas d'emplois en particulier dans les institutions publiques. Le port d'objets religieux en publique leur est aussi interdit et le nombre de leurs lieux de culte ainsi que de leur centre communautaire est assez limité La police religieuse peut entre autre confisquer tout média considéré comme anti-islamique, veiller au respect des codes vestimentaires et prescriptions alimentaires ( alcool, porc) islamiques ou arrêter sans préavis toute personne se livrant à des comportements homosexuels ou liés à la prostitution. Les membres du clergé non-musulmans sont aussi proscrits ce qui touche particulièrement les chrétiens qui ont besoin de voir un prêtre régulièrement. Ceux-ci ont aussi l'interdiction de chercher de nouveaux fidèles tandis que le ministère des affaires islamiques les incite à la conversion. De plus, des informations concernant l'appartenance ou non à une religion figurent sur les titres de séjour des visiteurs de l'Arabie Saoudite. Pourtant ces minorités religieuses sont officiellement protégées par le gouvernement même si comme on a pu le constater la réalité est tout autre notamment à cause d'une définition floue des limites entre sphère publique et sphère privée qui entraînent des pratiques clandestines des autres cultes qui entraînent ensuite la déportation; le harcèlement ou encore la détention de ces fidèles chiites ou chrétiens.
Toutefois d'autres pays arrivent à créer un multiculturalisme en ayant une religion officielle tout en intégrant les autres cultes.


La Grande Bretagne est l'un de ces pays où toutes les religions sont praticables ouvertement. La religion d'état est l'anglicanisme, une branche du christianisme, la Reine en est le chef même si en réalité elle n'intervient pas vraiment dans les affaires religieuses tout comme elle n'intervient pas vraiment dans les affaires politiques. Des évêques font aussi aussi partis de la chambres des Lords, chambre haute du parlement britannique composé de deux chambres, mais leur influence est limitée puisqu'ils ne sont que 26 sur 779 et seul un sujet de confession anglicane peut accéder au trône. Ainsi la religion officielle du Royaume-Uni a surtout une influence symbolique et la principale différence de ce pays avec la France est qu'il ne considère pas la religion comme une affaire privée et a pendant longtemps valorisé le fait d'avoir une religion quelle qu'elle soit plutôt que de ne pas en avoir du tout (athée, agnostiques). Aujourd'hui même si la religion principale de cet état reste le christianisme sous toutes ses formes (anglicanisme, méthodisme, catholicisme...), d'autres religions telles que l'Islam et l'hindouisme ont connu une grande avancée bien que la catégorie qui s'est le plus agrandi soit celle de ceux qui n'ont pas de religion. D'ailleurs la Grande Bretagne est un pays dans lequel chacun peu en quelque sorte avoir sa religion officielle tant que celle-ci est déclarée lors des recensement. En outre, le gouvernement met tout en place pour entretenir son multiculturalisme. Le port de signes ostentatoires est autorisé et une femme musulmane peut porter son voile dans tous les secteurs de l'emploi y compris la police. Les uniformes dans les établissements scolaires permettent effacer les différences sociales et ethniques tout en s'adaptant en créant des uniformes adaptés dans des quartiers où les adeptes de telle ou telle religion sont majoritaires. Enfin, l'administration fournit des documents et formulaires officiels rédigés dans toutes les langues afin de faciliter l'intégration des étrangers. Il est tout de même important de rappeler que l'Angleterre n'a pas toujours été aussi tolérante avec les autres croyants en particulier avec les catholiques notamment en Irlande du Nord, région qui a connu des conflits très violents dus à une opposition constante entre irlandais (catholiques) et anglais (protestants/anglicans) qui étaient minoritaires sur ce territoire pendant de nombreuses années et qui encore aujourd'hui soumis à des tensions.


On constate donc que tous les états n'ont pas le même rapport à la religion en prenant les exemples de la France, l'Arabie Saoudite et de l'Angleterre. Quand certains estiment que le gouvernement et la religion n'ont rien avoir et doivent être séparés, d'autres sont plutôt de l'avis qu'état et religion sont étroitement liés et que leurs habitants doivent l'être aussi. Enfin, le dernier préfère conserver ses héritages tout en prenant en compte les nouvelles dynamiques de son territoire quitte à parfois soulever des contradictions comme avec la création d'uniformes adaptés au Royaume-uni ce qui dénature la fonction même de celui-ci censé permettre d'éviter des discriminations.